Aujourd’hui je vous emmène visiter ce que la mode peut offrir de plus malin quand la surproduction de vêtements bat son plein.
J’avais découvert les créations de Marine Serre dans un reportage de Loïc Prigent sur les défilés de prêt-à-porter, il y a déjà quelque temps. Lors d’un passage à Paris, des affiches de la fondation Lafayette Anticipation ont capté mon attention car elles annonçaient des rencontres, expositions, ateliers autour de Marine Serre durant la Fashion Week parisienne.
C’est donc un dimanche matin que les coulisses de la maison Marine Serre se sont révélées à nous. Je vous raconte tout. Mais d’abord qu’est-ce qu’une mode upcyclée ? Et comment peut-on l’adapter à son niveau ?
Qu’est-ce qu’une mode upcyclée ?
Pour ce week-end de présentation, les différents niveaux de Lafayette Anticipation devenaient à la fois un lieu d’exposition de vêtements et un atelier de production reconstitué. Au premier niveau, machines à coudre, fer à repasser, table de tri, atelier de découpage…prenaient place autour de l’atrium. A l’étage, une mise en scène des collections permettait de voir les vêtements finis. Le dernier étage exposait des toiles peintes par la créatrice qui détournent des tableaux plus ou moins connus de l’Histoire de l’art. En sortant, une boutique vendait les dernières collections et l’on pouvait également faire personnaliser ses propres vêtements.
Retour au premier niveau donc où des ballots de vêtements empaquetés signalent le point de départ de la production. En effet, la particularité des collections Marine Serre réside dans leur production faite à partir de vêtements issus du tri, ceux que vous déposez dans des bornes de vêtements par exemple. Mais aussi de tissus produits à partir de fibres recyclées sur lesquels s’y dessinent, les imprimés au logo typique de la marque : un croissant de lune. Ici tout est pensé pour revaloriser, réduire les déchets, trouver la beauté là où elle est, apporter un nouveau regard, voir la production de vêtement comme un cercle autosuffisant.
L’upcycling consiste donc à utiliser ce qui existe déjà et à le magnifier. On parle de surcyclage en français.
La création de vêtements upcyclés. Comment ça marche ?
Grâce aux explications du personnel sur place et à des vidéos explicatives, le mode de production était rendu visible.
Pour réaliser une collection, des modèles types sont imaginés par la créatrice autour d’un thème. Un modèle peut ainsi associer des matières issues de vêtements venus du tri et du tissu en fibres recyclées arborant ce fameux croissant de lune. Par exemple, les employés de l’atelier « découpe » ci-dessus ouvraient et découpaient des jeans et des t-shirts de seconde main. Pour réaliser un nouveau jean, il faut 4 à 5 jeans anciens si mes souvenirs sont bons. Chaque pantalon denim suit un modèle avec un mélange de tissus bruts, clairs…qui assemblés les uns aux autres produisent un nouveau jean patchwork. Un ancien linge de lit devient ici une poche colorée. Rien n’est perdu, tout peut se réutiliser. D’ailleurs, les restes des vêtements découpés sont revendus pour qu’ils soient réutilisés en matière première isolante.
Idem pour les t-shirts réalisés avec un patron composé de différentes pièces qui mixent t-shirts de seconde main et tissu en fibres recyclées. ( 2me photo ci-dessus, les papiers kraft sur la table de découpage ). Celui-ci par exemple s’amuse avec les t-shirts vendus dans les boutiques de souvenirs parisiens. L’objectif pour les personnes assignées au tri sera de trouver dans ces ballots de vêtements, d’autres t-shirts dans le même état d’esprit. Un vrai travail de fourmis, j’imagine…
Des vidéos présentaient très bien le travail de sélection et de production pour que, bien que chaque modèle soit différent et unique, il corresponde bien au prototype imaginé par la créatrice. Les matières utilisées sont vastes : jersey, lainage, cuir, coton… qu’elles proviennent de pulls, draps, serviettes éponges, écharpes délaissées. Sous les mains et l’œil expert des équipes de production, ces vêtements recalés de dressing, sont sélectionnés car ils ont les qualités et l’esthétique recherchées. Ils prennent ici un nouveau souffle, sont découpés, assemblés et deviennent de nouveaux vêtements. Un mode de production qui permet de se service de l’existant et donc beaucoup moins énergivore en ressources.
Idem au rayon bijoux. Marine Serre conçoit également des bijoux upcyclés. Fourchettes, pièces de monnaie, perles sont découpées, détournées et montées en bijoux.
Comment upcycler son dressing quand on n’est pas couturière ?
Alors oui effectivement, tout cela a un prix, vous allez me dire. C’est vrai. Les collections Marine Serre ne sont pas accessibles à tous. Et le style ne correspond peut-être pas du tout à ce que vous aimez porter. Mais quelles idées peut-on en retenir et comment l’appliquer pour soi dans la mesure du possible ?
Le tri de vos placard est une belle source de richesse.
Ne jeter jamais vos vêtements à la poubelle, déposez-les en borne ou directement auprès d’associations si vous préférez. Votre blouson en jeans ou les cravates à motif de papi Roger connaîtront un nouveau souffle ! Je vous remets le lien vers cet article sur La Chiffo à Caen où j’explique le cheminement du tri. En les donnant, vous participez à leur valorisation.
Donnez un nouvel usage à vos vêtements.
Sans être couturière, il faut parfois juste prendre le temps de réfléchir pour sortir un vêtement de son champ habituel :
- une robe d’été devient nuisette
- une écharpe finalement trop longue à porter, se révèle le plaid idéal dans lequel s’enrouler durant vos soirées à dévorer un livre ou une série.
- ses mules à pompon achetées en vacances se transforment en de jolies chaussures d’intérieures.
- ce drap brodé sort du lit et passe à table façon nappe
On sort de l’upcycling qui valorise et apporte des éléments en plus pour ici simplement trouver un nouvel usage. C’est une des astuces du zéro déchet qui permet de réutiliser ce que l’on possède déjà. Au final, c’est de l’argent économisé et des matières premières préservées.
Faites appel aux talents d’une couturière ou à des professionnels.
Je vous en parle mais je n’ai jamais eu l’occasion de tester ce service de retouche et d’upcycling : Tilli.
C’est un service en ligne avec des intervenants en France, qui viennent s’occuper de vos vêtements en fonction de votre demande. Cela peut aussi vous aider à envisager une nouvelle vie à des vêtements encore en très bon état mais dont la coupe trop large ou la longueur ne vous plaisent plus. Un service de personnalisation permet aussi de faire broder des vêtements. Si vous avez déjà testé, n’hésitez pas à partager en commentaire vos retours.
Voilà, j’espère que si il y a des couturières par ici cela vous donnera de nouvelles idées ! Je trouve la démarche très inspirante pour la production de mode. Engagée et aboutie dans le sens où ce sont des collections entières qui sont conçues dans ce même état d’esprit et pas seulement que quelques pièces. Et voir ces produits du quotidien métamorphosés, c’est tellement fou !