Samedi après-midi, je suis allée visiter l’usine d’incinération de Colombelles. Je vois tout de suite vos yeux qui brillent à la lecture de cette annonce 😉. Suite à cette visite, je vous explique pourquoi un vêtement ne devrait jamais arriver là, je vous donne un truc de grand-mère pour sauver vos vêtements d’une tache de graisse, et une idée de réemploi de vos collants en bout de course. Vos chaussures vous remercieront !
Que devient un textile jeté dans la poubelle grise ?
Pour situer l’événement, je vous fais les présentations. Le syvedac ( Syndicat pour la Valorisation et l’Elimination des Déchets de l’Agglomération Caennaise) organisait des visites guidées de l’UVE ( Unité de Valorisation Energétique des déchets ). Elles étaient animées par une membre du CPIE (centre permanent d’Initiative pour l’Environnement). Une fois les présentations faites, que faut-il en retenir ?
Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore, j’ai une vraie curiosité pour les déchets et ceux qui n’en sont pas. Dit comme cela, c’est un peu étrange j’en conviens. Alors visiter une usine qui s’occupe de nos déchets, autant dire que j’étais à la fête.
J’avoue par contre une erreur et méconnaissance de ma part en arrivant sur les lieux. Je pensais visiter le centre de tri. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne suis pas allée chercher en détail sur le site internet du SYVEDAC pour avoir la surprise de la visite. Comme pour une bonne série, je ne voulais pas qu’on me dévoile la fin ! Mais surtout car en lisant UVE, mon esprit avait retenu Valorisation des déchets. Energétique était passée à la trappe. Valorisation des déchets rimait alors pour moi par Centre de tri. Je n’étais pas la seule, à entendre la réaction d’une autre personne du groupe, lorsque l’animatrice nous a expliqué le but de cette UVE : brûler les poubelles grises.
Valorisation Energétique correspond à l’énergie qui est dégagée par l’usine en brûlant les poubelles grises des communautés de communes qui sont adhérentes au SYVEDAC. Cette énergie alimente en chauffage une ville à proximité : Hérouville-Saint-Clair, ainsi que l’hôpital de Caen ( CHU) et depuis 2021 des serres de maraîchage en agriculture bio. Vous avez tous les détails ici. Cette usine produit donc en résumé, du chauffage mais aussi de l’électricité en été quand les besoins en chauffage sont minimes.
Alors, quelle a été la grosse claque de cette visite ?
Lorsque vous fermez et jetez votre poubelle grise, elle ne sera plus ouverte. Tout ce qui est à l’intérieur et aurait pu être valorisé, va partir en fumée. C’est aussi simple et définitif que ça. Personne ne va venir sauver du tri tel objet ou telle matière. Non. Votre sac et son contenant sont brûlés. Le camion poubelle arrive sur place, déverse dans cette fosse immense de 16 mètres de profondeur les déchets, point final. Quand vous déposez quoi que ce soit dans votre poubelle grise, demandez vous si c’est vraiment sa destination finale. S’il n’y a pas un tri, une réparation possible.
Alors, il y a une option encore pire, l’enfouissement. Et oui, car d’autres communautés de communes ne vont pas brûler mais enterrer leurs déchets. Trouver des zones de stockages devient déjà problématique d’après l’animatrice alors à cela s’ajoute les questions de sécurité de ces dépôts. Combien de temps ces zones de stockages sont-elles sécurisées ? Pensez aux produits qui ne devraient pas se trouver dans les poubelles grises ( piles, produits toxiques…).
Pourquoi le tri de tous vos textiles est important.
Si vous aviez déjà lu cet article sur le tri de vêtement réalisé par La Chiffo à Caen, je vous avais déjà incité à déposer en borne vos textiles même troués ou tâchés. Ceux-ci ne sont évidemment pas vendus par La Chiffo mais cette dernière les vend à d’autres structures qui valorisent cette matière première (en isolant, rembourrage pour canapé par ex, en recyclant les matières..). Seuls exceptions à ces dépôts, les textiles salis suite à du bricolage qu’il vaut mieux apporter en déchetterie.
Donc quoi qu’il arrive, je vous incite vraiment à trier et à surtout à donner vos textiles (et chaussures, sacs…) en fin de vie, car il s’agit de matière première. Utiliser cette matière première qui existe déjà, permet de sauver des ressources naturelles. Un t-shirt troué, c’est du coton déjà produit qui n’a donc pas besoin d’être cultivé, de l’eau préservé, des transports économisés. C’est cette idée qui est je crois centrale, pour préserver notre environnement.
Donc pour tous vos textiles ( sauf de bricolage ) : déposer les en borne de tri, ou directement auprès d’ associations. Ils seront triés pour être valorisés d’une manière ou d’une autre. Renseignez vous auprès des organismes de votre secteur.
Avant de devoir se séparer d’un vêtement ( ou de chaussures ), il est possible de préserver la durée de vie de nos vêtements en les entretenant avec soin ou en les affectant à un nouvel usage.
Comment sauver un textile d’une tache de graisse ?
Comment éviter d’avoir à se séparer d’un vêtement taché ? En trouvant les produits efficaces pour les entretenir. Il m’est arrivé il y a quelques années de devoir me débarrasser d’une robe que j’adorais après un incident dans ma valise. Le flacon d’huile de ma trousse de toilette s’était ouvert, et cette courageuse robe corail avait servi d’éponge et préservé le reste de ma valise. Autant dire que j’avais une tache énorme. A l’époque, j’avais tenté de la sauver mais cela n’avait pas fonctionné.
Depuis, j’ai déjà testé plusieurs fois la terre de Sommières sur des taches de graisses de cuisine. Vous la déposez sur les zones à nettoyer et ensuite, il faut attendre l’équivalent d’une nuit pour que la terre agisse. Elle absorbe le gras. Le lendemain, vous enlevez la terre à l’aide d’un aspirateur. Et si vous voulez être sûr du résultat, vous pouvez utiliser du savon d’Alep ou de Marseille ( un vrai ! ) sur les zones salies. Dernière étape, un passage en machine et normalement, le tour est joué ! J’ai récupéré une robe et une chemise ces derniers jours comme cela sans souci. Et sans produit chimique.
Que faire de ces collants filés ?
Avant de déposer votre paire de collants en borne, voilà une astuce pour lui donner une nouvelle vie. Dans la suite des trucs de grand-mère efficaces, les collants sont des inconditionnels pour faire briller le cuir. Quand vous entretenez les cuirs de vos sacs ou chaussures, il faut d’abord les dépoussiérer, les cirer, puis arrive la touche finale. Avant cela, attendez que le cirage ou le produit d’entretien soit bien absorbé. Ensuite, prenez votre paire de collant filé en formant une boule et frottez avec, votre sac ou soulier. Le cuir va briller ! Je trouve qu’il n’y a rien de plus efficace.
Après cet aparté, revenons à la fin du traitement de nos déchets.
Est-ce si terrible de brûler nos déchets ?
Evidemment, on pourrait se dire que brûler nos poubelles, au final c’est super car on produit de l’énergie ! Comme toute médaille, il y a un revers. La combustion entraine forcément des restes de trois formes.
Les matières consumées à la chaleur des fours ( 1100 ° max) forment des poussières qui contiennent du métal, ainsi que d’autres matières indésirables qui auraient pu être recyclées. Ce sont les mâchefers.
Et puis il y a les restes, qui sortent des cheminées. Heureusement, les fumées sont filtrées avant d’être libérées mais il y aussi beaucoup d’énergie de dépensée pour filtrer cet air. Car dans ces fumées, on trouve à nouveau des indésirables. Grâce à plusieurs étapes, les produits contenus dans les fumées sont récupérés. Ils sont alors à l’état de poussière ( à gauche sur la photo ci-dessous ) puis compactés dans ce qui est appelé un « gâteau chimique » ( à droite sur la photo). Autant dire que personne n’a envie de croquer dans ce gâteau.
Que deviennent les mâchefers et le gâteau chimique ? Les mâchefers peuvent être réutilisés ( par exemple pour réaliser des routes ) et le gâteau chimique est enterré dans des zones d’enfouissement ISDD (Installation de Stockage de Déchets Dangereux). Pour la zone du syvedac, c’est à Argences (14).
Pour vous donner une idée, l’animatrice nous donnait le chiffre arrondi de 110 000 tonnes de déchets brûlés chaque année par l’UVE. Ces 110 000 tonnes vont produire 3% de restes. C’est tout de même énorme surtout lorsque l’on se souvient qu’ils ne concernent, seulement, qu’une partie du Calvados ! Vous imaginez à l’échelle de la France ? Du monde ?
Si vous avez bien compté, il reste un troisième « reste ». Il s’agit de ce qui sort de l’usine et qui est rejeté dans l’air et dans l’eau. L’air est filtré comme expliqué au-dessus grâce à de l’eau. Cet eau subit à son tour des étapes de nettoyage avant d’être rejetée dans la nature. Alors évidemment, heureusement il y a des règles pour encadrer les sorties d’usine mais ce n’est pas parce que le maximum légal actuel est respecté que rien ne sort dans l’air que nous respirons ou dans l’eau à proximité, c’est-à-dire dans l’Orne.
Alors pour faire diminuer ces tonnes de déchets, nous devons tous Refuser – Réduire – Réutiliser – Réparer – Recycler – Composter. C’est un jeu pour lequel nous avons tout à gagner. J’ai résumé le fonctionnement du syvedac mais peut-être que d’autres usines d’incinération fonctionnent autrement. Renseignez vous auprès de chez vous. J’imagine que des visites similaires sont organisées ponctuellement.
Si de votre côté, vous souhaitez commencer par votre dressing, je suis à votre écoute. Si vous souhaitez être accompagnée pour faire un grand tri dans votre dressing, je serai ravie de vous y aider. Vous pouvez prendre rendez-vous en ligne pour un accompagnement ou un entretien découverte.
2 Comments
Anne
Merci pour cette épopée en terre de poubelles !
ps : j’ai l’impression de savoir de quelle robe corail tu parles…elle était plus rouge dans mon souvenir, question de perspective 🙂
Anne
Hahah… 🙂 Je ne sais pas où nous mènera la prochaine ! Mais oui, je pensais justement à toi en l’écrivant. C’était bien celle à laquelle tu penses ! Vive le houmous club 😉