mugler, exposition couturissime.
Histoire de mode

De Thierry à Manfred Mugler « Couturissime ».

Une exposition au-delà de la mode.

J’ai visité un certain nombre d’expositions de mode et honnêtement, celle-ci est la plus étonnante. Plus qu’une exposition de mode, c’est une plongée dans un univers de spectacles, de musique, de théâtre, de cinéma où l’imagination est débridée. On comprend facilement pourquoi le créateur a réveillé le monde de la mode lors de ces défilés des années 90. J’avais évoqué cette exposition dans une newsletter. Je ne souhaite pas vous en montrer trop pour préserver l’effet de surprise, si vous allez la voir. Mais pour mettre un peu de folie et d’extravagance, je me suis dit qu’avant les fêtes de fin d’année, c’était le moment de rêver un peu.

Robe fourreau en velours noir. Robe papillon Thierry Mugler.
Robe papillon. Fourreau en velours, orné de plumes de coq.
Thierry Mugler,1997.

Contrairement à bon nombre d’expositions, « Couturissime » vous immerge directement dans le monde fantastique de Thierry Mugler. Pas d’introduction biographique de l’artiste comme souvent pour commencer. Vous ouvrez la porte et là… c’est à un bal de créatures fantastiques que vous êtes conviés.  Un univers complétement étonnant où l’animal se mixe au végétal, hommes et femmes deviennent des superhéros, se métamorphosent, tous les sens sont en alertes, et l’imagination démarre au quart de tour. Les matières se répondent pour apporter douceur et piquant. La sensualité voire l’hypersexualité des modèles s’affichent. Dès les premières scènes de l’exposition, les collections Haute Couture « La chimère » et « Les insectes » se mêlent aux costumes créés pour le spectacle Zumanity du Cirque du soleil (seul spectacle de la Compagnie réservé aux plus de 18 ans. )

Les collections Mugler Haute couture de 1997 – 1998 sont à mille lieux de la mode habituelle. Elles présentent des créatures hybrides qui sont naturellement faites pour la scène et non pour la rue.

Mugler, un amoureux des matières et des sens.

Cette exposition présentée au Musée des Arts Décoratifs de Paris, met en lumière son goût pour les matières les plus variées : plumes, guipure siliconée, métal, latex, cristaux … Elle éclaire également sur son désir de venir à bout de projet étonnant. Comme sa collaboration avec un carrossier qui lui a permis de réaliser ces armures chromées qui transforment la femme en humanoïde. « La chimère » qui ouvre l’exposition et qui figure sur livre et affiche, a nécessité l’intervention de six corps de métiers tels que sculpteur, plumassier, mouleur, brodeur…

Cette exposition m’a certainement aussi vraiment étonnée car, mise à part l’idée d’une silhouette très épaulée, j’avais peu d’image en tête de la mode Thierry Mugler. Et pour la plupart aujourd’hui, son nom se réduit à une marque de parfum. D’ailleurs, l’exposition joue très bien la carte marketing avec un espace dédié au parfum. Des testeurs permettent de sentir la variété des parfums Mugler qui ne se limitent pas au très puissant Angel.

Le mannequin est assis sur l’intérieur de la robe, couvert de cristaux. Aille….

La scénographie est aussi intéressante avec une mise en ambiance pour certaines salles. D’ailleurs j’ai pu noter un certain malaise des visiteurs dans l’une des salles où les effets de miroirs et la bande son les conduisaient à la traverser plutôt que s’y attarder.

« Couturissime » révèle aussi Mugler en tant que photographe. Il réalisait lui-même les photos de ses campagnes publicitaires de parfum après qu’Helmut Newton lui en ait suggéré l’idée, à tellement savoir ce qu’il souhaitait…Elles traduisent son goût pour les paysages immenses et une architecture colossale.

Un univers too funky ?

De Mugler, je connaissais naturellement les tenues incroyables du clip « Too funky » de George Michael.  Cette vidéo reste toujours démente aujourd’hui pour : la musique, les costumes délirants de Mugler et le défilé de tops les plus en vue du moment.  Une salle est consacrée au clip et plusieurs tenues issues de la collection « The cow boys » de 1992 y sont exposées. Comme l’incroyable bustier-moto avec ses rétroviseurs et son porte-jarretelle à cannette intégrée que l’on voit dans la vidéo !

Aujourd’hui encore, le monde de la musique lui offre une belle vitrine. Loin d’être un créateur oublié, des icônes de la musique actuelle puisent dans ses collections pour s’offrir des tenues avec un effet waouh garanti ! Beyonce pour sa tournée de 2009, Lady Gaga, Céline Dion, Cardi B au Grammy Awards de 2019.
Toutes ces femmes audacieuses ont trouvé dans l’univers créatif de Mugler un allié de choix.

Manfred Mugler : metteur en scène de la femme.

Depuis ces années Haute couture et Prêt-à-porter, Thierry Mugler a laissé place à Manfred Mugler. Il s’est retiré de ce monde de la mode pour se diriger vers celui plus artistique et complet de la mise en scène, où spectacles et shows correspondent davantage à sa fantaisie et son imagination. Je vous laisse la surprise de découvrir les costumes de Lady Macbeth de la dernière salle.

Collection Thierry Mugler, 1991, Femme robot, armure articulée.
Armure articulée en métal, Thierry Mugler 1991.

Pour finir, ce qui m’a étonnée en numéro 1 ?

Thierry Manfred Mugler est né à Strasbourg ! C’est anecdotique mais j’ai vécu plus de 20 ans à Strasbourg, alors forcément je trouve cette info pétillante ! Il a intégré l’Opéra National du Rhin en tant que danseur avec lequel il a été en tournée. Et il a également étudié à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg, actuelle HEAR. Cette expérience a nourri son goût pour les décors, les costumes et ces ambiances de spectacles. Sa vision de la femme forte est venue de la ténacité, la douceur, l’athlétisme… des danseuses. « Mugleriser » les femmes lui permet de les aider à porter leurs envies, leurs rêves en les accompagnant dans leur vision. Quoi de mieux comme projet que de vouloir accompagner celles qui en ont le désir ?

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette exposition. Surtout prenez plus d’une heure pour la visiter sereinement, et réservez un autre créneau que celui de la dernière heure.

Musée des Arts Décoratifs.
Thierry Mugler « couturissime ».
Jusqu’au 24 avril 2022.
107 rue de Rivoli, Paris.

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