En ce mardi 8 mars, j’avais envie de me pencher sur cette journée dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice par le biais de la mode. Quels progrès peut-on souhaiter pour améliorer le quotidien des femmes en termes d’image de soi et de pratique vestimentaire ? Est-on aujourd’hui tout à fait libre aujourd’hui de s’habiller comme on le désir ?
Le pantalon pour femme légalisé.
Pour commencer, rappelons-nous que le port du pantalon pour la femme était interdit par la loi et est officiellement autorisé depuis 2013 en France. Avant cela, si une femme souhaitait porter le pantalon, elle devait en demander l’autorisation à la Préfecture. En pratique, les femmes le portent depuis de nombreuses années sans en être inquiétées. Cette abrogation était davantage symbolique qu’une avancée juridique, mais elle a permis de mettre fin à une loi inégalitaire et arbitraire, dictée par des hommes, et restrictive de la liberté des femmes. Cette liberté est précieuse, ne laissons pas quelques détenteurs d’autorité nous dicter nos choix.
Jugement au centimètre.
Aujourd’hui encore, la façon dont la femme s’habille fait encore régulièrement l’objet de débat. Le sujet en est généralement la longueur d’un vêtement. Crop top, jupe courte, profondeur de décolleté…Je pense que cela vous rappelle ces événements survenus l’an dernier où des lycéennes et la visiteuse d’un musée étaient jugées médiatiquement sur leurs choix de tenues. Cette dernière s’était vue refuser l’accès à un musée de la propre initiative d’un gardien.
Quand va-t-on nous lâcher l’ourlet ?
Lorsque j’étais au lycée, la direction avait décidé à un moment de l’année que la longueur de nos tenues ne devait pas être trop courte. Cette décision m’avait horripilée ! Je me souviens être venue en jupe-culotte courte ( une sorte de short que j’adorais ) par esprit de contradiction.
Nos choix vestimentaires doivent pouvoir se faire de notre plein gré et sans limite imposée par quelques lois. Nous avons tous certainement en mémoire l’une ou l’autre tenue qu’après coup nous avons pu regretter. Est-ce qu’elle aurait imposé une loi, une interdiction pour autant ? Non, chacun expérimente, teste son style. Cela fait partie de la vie et de la construction identitaire tout simplement.
La liberté de trouver des vêtements à sa taille.
Pour celles :
- qui doivent réduire systématiquement la taille d’une jupe ou raccourcir la longueur d’un pantalon. Et qui non, ne souhaitent pas s’habiller au rayon ado.
- qui aimeraient que la mode s’intéresse davantage aux tailles au-delà du 46.
- aux jambes sans fin.
- dont les manches s’arrêtent souvent quelques centimètres trop tôt.
- qui souhaite une mode plus inclusive.
- Etc.
Les boutiques en ligne offrent davantage de choix qu’un centre-ville souvent mais encore faut-il être à l’aise avec l’achat en ligne. Ce n’est pas systématique pour beaucoup d’entre vous aujourd’hui qui préfèrent toucher, essayer, revenir…avant d’acheter. Tout le monde devrait pouvoir accéder facilement à des vêtements adaptés à ses besoins.
On sait que la production textile est liée à une économie. Toutes les marques ne peuvent pas produire plus de 11 tailles pour un même produit car cela a un coût. Cela implique aussi une formation dans les écoles de mode pour apprendre une gradation adaptée. Il s’agit d’une technique de conception des modèles pour passer un patron d’une taille à l’autre. Mais ici elle doit être adaptée pour des corps qui taillent au de-là du 46. A ce que j’ai pu entendre, ce n’est pas encore le cas. Il y a sans doute ici des solutions à imaginer comme celle de Lolo Paris qui propose 57 tailles de soutien-gorge. Oui rien que ça, vous avez bien lu ! Si vous avez déjà testé leur produit, n’hésitez pas à partager en commentaire votre expérience. J’adorerais pouvoir accompagner des marques qui s’intéressent à la multiplicité des corps et les prennent en compte dans leurs modèles.
Cachez ce sein ou la liberté de porter, ou non, un soutien-gorge.
D’ailleurs, puisqu’on parle lingerie et que le confinement est passé par là, des solutions s’offrent aujourd’hui à celles qui souhaitent jeter au panier leurs baleines.
Que celle qui a déjà eu des marques après avoir retiré sa lingerie lève le doigt ?
Cela fait du monde par ici !
En photo, un t-shirt Uniqlo permet un maintien de la poitrine grâce à l’épaisseur de coques intégrées. Elles évitent ainsi l’effet téton qui pointe, difficile à assumer en toute circonstance. Et qui peut être un frein à passer au no bra.
Les marques étoffent leur gamme de brassières souples sans armature qui maintiennent sans blesser. L’uniformité n’est plus de mise, il existe aujourd’hui également de très jolis modèles en dentelle pour celles qui apprécient la lingerie sans vouloir en souffrir pour autant.
Le no bra autrement dit pas de soutien-gorge vous a peut-être séduit car ne voyez au final pas l’utilité d’en porter ou au contraire, vous avez trouvé un confort tout autre à vivre sans. C’est une démarche qui nécessite de passer par des étapes : crainte du regard des autres, se dessiner une nouvelle silhouette, trouver les tenues dans lesquelles on se sent à l’aise…Il n’est pas facile de se détacher de nos habitudes et de l’image intégrée par des années de lingerie, que devrait avoir le corps d’une femme, même habillée. Cependant, chacune doit pouvoir le faire selon son désir et ses besoins.
Le choix de porter ou non des talons.
Lors d’une conversation avec une collègue qui me parlait de son ancienne expérience professionnelle, elle me confiait que leur tenue de travail incluait le port de talons toute la journée. Evidemment, comme c’est encore plus drôle, son poste impliquait d’être debout. On sait qu’il existe des codes vestimentaires dans certains secteurs du travail que l’on peut accepter ou critiquer. Cependant les talons impliquent plus qu’un choix de goût. Les notions de confort et de santé entrent en jeu ici. Problème de dos, voûtes plantaires endolories et compagnie sont de la partie. Cette décision de porter des talons ou non devrait être un choix personnel mais absolument pas liée à l’image de marque d’une entreprise. Est-ce que ces chaussures plates cochent toutes les cases pour être portées au sein d’une entreprise ? Oui. Je ne vois absolument rien qui s’y oppose. Même pour une entreprise dans un univers que l’on pourrait qualifier de très féminin et qui joue sur une image raffinée.
La liberté de se teindre ou non les cheveux.
Un homme aux cheveux poivre et sel est charmant, une femme négligée ? Ahha non heureusement.
Ma grand-mère avait des cheveux blancs et je ne l’ai jamais trouvée négligée bien au contraire.
J’ai envie de dire, lâchez le bulbe de celles qui souhaitent voir leurs cheveux évoluer librement !
Je vous conseille la lecture de Going Grey qui raconte la transition de son auteure vers une chevelure sans coloration et les réactions de son entourage. On sait aujourd’hui que les couleurs peuvent abimer les cheveux ou le cuir chevelu, qu’une coloration dans un salon représente un joli budget annuel, qu’elle implique une régularité pour son entretien…Comme tout changement, cela implique un processus qui commence par soi, qui est non sans difficulté, au vue des sujets qu’ils soulèvent. Mais celles qui aujourd’hui souhaitent abandonner cette pratique devraient pouvoir se sentir libre de le faire.
De s’habiller comme on le souhaite indépendamment de son âge.
Le style n’est pas une question d’âge. C’est une adéquation entre un tempérament, des sensibilités, une vision du goût, un style de vie, des principes personnels, un budget. Heureusement, il n’y a pas un style ciblé pour les + 30 ans, un autre + de 40 ans, etc. Le temps des blouses est révolu ( si vous avez la référence ) !
Le respect des droits des travailleuses de l’industrie textile.
On sait pertinemment que ce n’est pas le cas partout. Horaires sans fin, rythme effréné, pauses inexistantes, salaire minimaliste selon les pays, contrats de travail absents, exploitation…La liste des maux est longue. Ce souhait pourrait évidemment être élargie à d’autres domaines de production. La quête des industriels à produire un produit le moins cher n’est évidemment pas une démarche allant dans le sens du Droit de leur personnel. A nous de faire des choix d’achat mais surtout, à eux de proposer des conditions de travail assorties de droits qui permettent à chacune de vivre confortablement sans mettre en jeu leur santé.
Quelles revendications ou quels souhaits auriez-vous envie d’ajouter à celle liste ?